Évidemment, on peut, à propos de Rome, abonder dans tous les clichés possibles : la ville éternelle, la ville des amoureux, j’en passe et des meilleures. Pour parler de Rome en étant le plus exhaustif possible, un livre entier, que dis-je : une encyclopédie entière n’y suffirait pas.
Alors, pour évoquer Rome, il n’y a probablement rien de mieux à faire que de parler de la clarté du petit matin, des petites rues où se presse déjà la foule matinale et colorée de ceux qui partent au travail.
Pour évoquer Rome, il y a les cyprès qui se balancent dans le vent, projetant une ombre encore courte sur les vestiges de la cité antique, caressant mollement les bras dodus de hiératiques statues, l’ombre des colonnes se projetant sur des pavés disjoints usés par les siècles et les mêmes pas pressés. Il y a les temples où Jupiter et Héra continuent à se déchirer dans leurs éternelles disputes, où Apollon se penche sur sa lyre tout à la pensée de la douce Daphné. Remus et Romulus, enfin réconciliés, jouent dans l’herbe fraîche sous les yeux attendris de la louve.
Pour évoquer Rome, il y a cette petite terrasse de café où le cappucino fume encore, sa crème généreuse saupoudrée d’un léger voile de poudre chocolatée. Il y a les trilles cristallins de la fontaine de Trévi, les klaxons des véhicules trop nombreux mais qui contribuent à l’agitation joyeuse et colorée. Il y a les improbables sifflets des Romains hélant des taxis qui se rendent instantanément aux ordres.
Pour évoquer Rome, il y a ces pigeons omniprésents, ces chants d’oiseaux qui surpassent le brouhaha. Il y a la chaleur qui peu à peu s’installe, rajoutant encore un cran à l’excitation de la ville. Les cris des marchandes des quatre saisons, les rires des enfants. Une musique qui arrive d’on ne sait où.
Pour évoquer Rome il y a la vie méditerranéenne, la vie du Sud. Le soleil, le charme, la douceur forte et âcre des épices et des sortilèges d’Orient.
Bien sûr, me direz-vous, il y a d’autres aspects. La Rome catholique et le Vatican, un état dans l’état, avec ses fastes et ses édifices somptueux. Rien n’est assez beau pour asseoir le pouvoir de l’Eglise. La visite est incontournable, comment rater Michel-Ange et la Chapelle Sixtine, la Piéta et Saint-Pierre ou encore le baldaquin de Saint-Jean-de-Latran ?
Outre les musées – la liste serait trop longue –, les monuments, les églises (il n’y en a pas moins de 900), les vestiges antiques, il y a aussi la Rome moderne. Car, si la ville est de tradition antique elle a su néanmoins s’inscrire dans la modernité. Ses universités, ses écoles sont célèbres. Sa cité du cinéma, Cinecittà, a brillé de mille feux pendant des décennies et est en train de renaître après une longue période d’endormissement. L’économie de la ville est en plein essor, il faut bien reconnaître que le tourisme y est pour quelque chose, ainsi que l’industrie du luxe.
Il y aurait tellement à dire, tellement à écrire,…
Laissons le mot de la fin à Goethe : « A ce lieu se rattache toute l’histoire du monde, et je compte un second jour de naissance, une véritable renaissance, du jour où je suis arrivé à Rome ».